Péripéties judiciaires

L'affaire commence le 14 octobre 2010 au journal de la mi-journée de la deuxième chaîne de télé. Jean-Paul Guerlain, le fils du fondateur du célèbre groupe de parfumerie, est venu parler de son nouveau parfum, "Samsara". Le septuagénaire, parlant de la création de ce parfum, déclare alors: "Pour une fois, je me suis mis à travailler comme un nègre. Je ne sais pas si les nègres ont toujours tellement travaillé, mais enfin..."

Une tempête de protestations s'élève aussitôt contre les propos de Jean-Paul Guerlain. Manifestations, menaces de boycott contre les parfums Guerlain, prises de position de SOS-Racisme, etc. Très vite, l'auteur des propos regrette: "Je présente mes excuses à tous ceux qui ont été blessés par les propos choquants que j'ai tenus" déclare-t-il à l'AFP. Il précise qu'il s'agit d'un "dérapage" et que ces "propos ne reflètent pas du tout sa pensée profonde".

Jean-Paul Guerlain, défendu par Me Basile Ader, est donc poursuivi et le procès vas se tenir aujourd'hui jeudi. Bien sûr, le débat va porter en partie sur le terme "nègre". Le mot est directement copié sur la racine latine et, au départ, il ne désigne que la couleur noire. Au fil du temps, il est devenu très péjoratif et les souvenirs de la période coloniale lui donne indéniablement un sens dévalorisant et méprisant.

On imagine que Me Ader va expliquer que son client est un vieux monsieur qui a utilisé sans y prendre garde le mot si courant dans sa jeunesse. Une explication qui va sûrement avoir du mal à passer.

Toutefois, force est de constater que le terme "nègre" n'est pas toujours jugé si dévalorisant que ça: le 10 décembre 2010 s'est tenu au Sénégal (voir la photo de l'affiche), un "festival mondial des arts nègres" qui a été présenté sur toutes les chaînes de télé sans provoquer de protestations.

"Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au delà" lit-on dans les Pensées de Blaise Pascal. C'est toujours actuel.

Didier Specq