Péripéties judiciaires

On sait qu'à la mi-février sept détenus de la prison de Dunkerque ont obtenu, grâce aux juges administratifs lillois, un "préjudice moral" pour des conditions inhumaines de détention suscitées essentiellement par la surpopulation carcérale et des cellules surchargées. Il s'agit environ de 150 euros par mois de détention anormale.

A Lille, la bataille continue et les requêtes n'ont pas encore été déposées. Motif: les expertises sont difficiles à mettre en oeuvre. Les deux avocats (Me Emmanuelle Lequien et Me Quentin Lebas) ont besoin d'expertises opérées par un architecte en présence de l'avocat et de l'ex-détenu. Complexe: souvent l'administration pénitentiaire refuse l'entrée de l'ex-prisonnier. Or, sa présence est importante: lui-seul sait si c'est la bonne cellule, si une cloison a été rajoutée, si les détenus sont moins nombreux et la position des lits changée, si la séparation avec les toilettes a été améliorée, si l'aération a été modifiée, etc. Les détails soulevés par l'ex-détenu sont importants pour la pertinence des constatations de l'architecte.

Il a donc fallu que les avocats reviennent devant le tribunal administratif pour que les expertises autorisées deviennent des expertises forcées quand un refus d'entrer était signifié, par exemple, à l'ex-détenu.

Lundi dernier, à la prison de Douai, c'était un détenu paraplégique qui était accompagné de Me Lebas et d'un expert. Dans la cellule normale, à cause d'une erreur de numérotation, le détenu en fauteuil roulant n'a pu entrer. Quant à la cellule d'isolement (qui devait être expertisée aussi), l'homme paralysé des deux jambes est resté au bas de l'escalier de béton qui mène à sa cellule. Certes, il existe un monte-charge. Mais il était impossible administrativement de l'utiliser alors que, lors l'homme en fauteuil roulant était incarcéré là, ce monte-charge était utilisé pour le convoyer! L'expertise est restée incomplète. Me Lebas reviendra...

D.S.