29/10/2012

Manuel Valls: l'enfer était pavé de bonnes intentions.

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Quand Manuel Valls efface Christiane Taubira.

Depuis la campagne électorale des municipales de 1983, la sécurité et la délinquance sont devenues un des thèmes essentiels de la vie politique française. Avec deux idées reçues maintes fois répétées: la gauche, qui cherche à s'occuper d'abord de prévention, serait laxiste; la droite refuserait systématiquement la culture de "l'excuse" qui sévirait à gauche. Notons d'ailleurs que, lorsqu'ils sont responsables de collectivités territoriales, les élus de gauche, de droite, voire écolos comme Dominique Voynet à Montreuil, tiennent en général un discours équilibré: ni tout social, ni tout répressif.

Mais, nationalement et dans l'argumentaire des parties, l'opposition est bien là, frontale. "Tout social" à gauche. "Tout répressif" à droite. Le décor est planté. A part la parenthèse incarnée par Jean-Pierre Chevènement comme ministre de l'intérieur (mais il est victime d'un accident cardiaque et il doit abandonner son poste), la gauche est restée souvent coincée dans les explications sociales qui laissent penser que le combat immédiat contre la délinquance n'est pas mené. Les bonnes intentions explicatives risquent alors de mener à l'enfer électoral.

C'est le bouquet lors de la campagne pour les élections présidentielles de 2002. Le premier ministre Lionel Jospin, qui peut pourtant se prévaloir d'une période où le chômage a reculé, est d'une inhabileté confondante: "J'ai le regret de constater que l'insécurité a progressé durant ses dernières années, j'ai péché un peu par naïveté" déclare-t-il. Et d'ajouter: "Au fond je me suis dit pendant un certain temps que, si on fait reculer le chômage, on va faire reculer l'insécurité". On sait que cette séquence électorale et ces déclarations télévisées de Lionel Jospin se termineront par l'élimination dès le premier tour du candidat socialiste au profit de Jean-Marie Le Pen qui, lui, peut se maintenir.

En 2007, c'est un peu le "toujours" ministre de l'intérieur Nicolas Sarkozy (à l'époque, Sarkozy incarne la sécurité comme Jack Lang incarne la culture) qui mène la campagne pour la présidente de la République. Toutefois, lors des dernières présidentielles, Nicolas Sarkozy ne peut plus enfourcher son thème favori de la sécurité: les statistiques démontrent que la délinquance violente n'a pas reculé; il est difficile de s'appuyer sur un recul mal démontré de la délinquance en général alors que les agressions et les vols avec violences augmentent.

Manuel Valls a donc repris le flambeau. Avec succès jusqu'ici puisque il est devenu le leader de gauche de loin le plus populaire dans les sondages.

Invariablement, le ministre de l'intérieur s'en tient à ses thèmes favoris. D'abord, "il n'y a pas d'excuses", lance Valls, pour les délinquants comme lors les émeutes d'Amiens cet été. Ensuite, la lutte contre la délinquance s'exerce dans le respect de la République et de la Justice qui sont toujours appelées à la rescousse.

Enfin, Manuel Valls retourne la logique du discours socialisant de gauche qui s'oppose habituellement au discours traumatisant de droite: si par exemple Manuel Valls est ferme sur la question des campements illégaux, c'est parce que les conditions de vie y sont "insupportables" pour les Roms et que les conséquences sont difficilement supportables également pour les "quartiers populaires généralement proches de ces camps". A l'université d'été socialiste de La Rochelle, tout le discours de Manuel Valls est axé sur cette démonstration: "Ce sont les classes populaires qui sont d'abord victimes de l'insécurité". Indéniablement, Manuel Valls a asséché le discours habituel de la droite sur le thème de la sécurité.

Il faut voir d'ailleurs l'hommage amusé rendu au ministre de l'intérieur par Serge Dassault, propriétaire du Figaro et rival (chanceux) des amis de Valls à Corbeil-Essonnes, pour constater que, pour l'instant, la confrontation droite-gauche sur ce thème n'est plus payante pour la droite. Un élément important puisque la dangereuse échéance, pour la gauche, des municipales s'approche déjà.

Mais Manuel Valls a fait une victime: Christiane Taubira, la ministre de la justice, semble avoir disparu des écrans. Et ça, pour le coup, ça ressemble furieusement à ce que se passait habituellement avec la droite: le ministre de la justice s'efface. D'ailleurs, qui se souvient sans hésiter du nom du dernier ministre de la justice de Nicolas Sarkozy? Ce n'est pourtant pas très vieux.

Didier Specq

Commentaires

Facile, angélique, Marquise des anges

Écrit par : Nicolas Drancourt | 29/10/2012

Il faudrait que les chômeurs soient mieux protégés en France. Quelle catastrophe pour un père de famille de se retrouver au chômage, il faut suivre l'exemple des assurances suisses qui ont fait des assurances chômage complémentaires, recevez 100 % de votre salaire si vous êtes licenciés !

Écrit par : Laurent | 01/11/2012

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