08/05/2012

Pas de prison pour les ferrailleurs

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Deux logiques s'affrontent au tribunal de Lille.

De plus en plus, une ligne de clivage assez nette apparaît entre les services du procureur de Lille et les juges siégeant en comparution immédiate en ce qui concerne les "campeurs" installés dans les terrains vagues de l'agglomération lilloise. Lundi dernier, juste après l'élection de François Hollande, trois dossiers d'un grand classicisme apparaissent. Les grandes lignes? Des prévenus arrivés fraîchement d'un pays de l'ex-bloc de l'est, ils demeurent dans un campement et n'ont que des adresses imprécises, leur casier judiciaire est vierge.

Détaillons rapidement les trois dossiers différents arrivés en comparution immédiate lundi au tribunal de grande instance de Lille. D'abord, trois ressortissants bulgares qui, sur un chantier de démolition à Tourcoing, piquent une centaine de kilos de ferrailles diverses. Leur fourgonnette est arrêtée peu après par une patrouille de police.

Ensuite, trois Roumains qui dérobent du cuivre sur un chantier SNCF non loin du centre de Lille. Là-aussi, ils sont rapidement interpellés.

Enfin, deux Arméniens qui, à Roncq non loin de Tourcoing, volent le carburant contenu dans un réservoir de camion. Interpellations.

A chaque fois, le procureur en charge des comparutions immédiates va demander plusieurs mois de prison ferme avec mandat de dépôt contre les prévenus. Arguments: "Il faut donner un coup d'arrêt à ce type de délinquance, le mandat de dépôt est la seule façon de s'assurer de l'exécution de la peine". A chaque fois, en défense, les avocats protestent. "Leur casier judiciaire est vierge! Jamais on ne demanderait de telles peines de prison pour des primo-délinquants qui s'appelleraient Pierre, Paul, Jacques, Kevin ou Mohamed!"

Résultats des courses: à chaque fois le jugement prononcé par la présidente Nourith Reliquet infirme les exigences du réquisitoire et la magistrate annonce des petites peines de sursis. Bref, le jour et la nuit.

Didier Specq

Commentaires

il suffira qu'ils déclarent une autre identité pour continuer leurs larcins. il est urgent de prendre des mesures à la fois pour réprimer cette délinquance mais aussi pour trouver des solutions humanitaires au niveau européen pour ces populations qui ne peuvent travailler officiellement et qui sont dans une réelle souffrance pour survivre.

Écrit par : rimbert | 13/05/2012

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