16/05/2012

Tout près de l'affaire du Carlton

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Le portrait des protagonistes s'affirme. Par exemple celui d'une escort girl du dossier.

L'excellent Bruno Renoul, embusqué hier pour Nord-Eclair au tribunal de Lille, raconte une affaire qui devait passer à peu près anonymement. Trois prévenus -un homme argenté et deux jeunes femmes désargentées- sont mis en cause (et condamnés avec sursis) pour des histoires de chèques falsifiés. Or, l'une des protagonistes n'est autre que Mounia X., une des péripatéticiennes parties civiles dans l'affaire dite du Carlton.

On a déjà insisté, dans ce blog, sur les curiosités bien françaises de la loi sur le proxénétisme. Grosso modo, tout ce qui peut faciliter la prostitution d'autrui (par ailleurs légale!) peut être qualifié de proxénétisme. L'intermédiaire, le chauffeur de taxi, le propriétaire de l'hôtel, l'ami, le partenaire dans une "partouze": tous peuvent être accusés de proxénétisme, même s'il n'en ont tiré aucun bénéfice, dès lors qu'ils facilitent les "actes de lubricité" (comme dit le code pénal) tarifés.

De la même façon, même si une prostituée est parfaitement consentante, la loi considère qu'elle est une victime, même si, d'ailleurs, elle ne dépose pas de plainte. Bref, un délit de proxénétisme particulièrement large et des victimes par définition. Il n'empêche que la victime peut aussi être condamnée (à moins qu'elle ne fasse appel et soit relaxée) dans une histoire compliquée de chèques falsifiés liée d'ailleurs à des services sexuels payants. Ce qui, bien entendu, ne retire rien à sa qualité de victime dans une autre affaire très médiatisée.

Didier Specq

Commentaires

Deux trois petites choses me posent questions :
- pourquoi les noms de personnes condamnees ne sont ils pas cites alors que, dans l'affaire du Carlton, les noms des personnes mises en examen le sont ?
- en quoi Mounia X peut elle etre victime, des lors qu'elle est dans la prostitution depuis 2006 ?
- qu'est ce qui justifie que cette personne ne se presente pas au Tribunal, sachant que l'autre affaire n'a rien a voir avec celle des cheques falsifies ?

Si vos chroniques sont force de details, il n'en demeure pas moins qu'une forme de foocalisation sur l'affaire du Carlton semble se dessiner.

Écrit par : Yann scuraux | 20/05/2012

Cher Yann Scuraux

A) En général, nous ne citons pas les noms des personnes condamnées avec sursis. Nous ne citons que les noms des personnes sanctionnées par de la prison ferme. Mais, dans les affaires où des personnalités sont en cause, nous citons les noms. Difficile de citer, par exemple, le maire d'une commune sans donner son nom alors que, justement, on parle de cette affaire parce qu'elle a des implications politiques.

B) La loi sur le proxénétisme est très, très large (toute "facilitation" même très indirecte peut faire d'un citoyen un proxénète) et les prostituées, même tout à fait volontaires, sont des victimes car on estime en France qu'elles sont tombées dans un engrenage. Bien sûr, dans son condamnation, le juge va opérer une distinction entre la volontaire aguerrie et, par exemple, la jeune femme exfiltrée d'un pays lointain et menacée tous les jours. Mais les deux sont victimes et ont autant le droit de se porter partie civile.

C) Un(e) prévenu(e) peut parfaitement ne pas se présenter devant le tribunal surtout si elle est représentée par un avocat. Autrement (sans avocat), c'est risqué.

Enfin, effectivement, on se focalise un peu sur l'affaire dite du Carlton (quand on pense que DSK n'y a probablement jamais mis les pieds!). Mais, outre les vedettes qui effectivement nous intéressent, vous aurez remarqué que, sur ce blog, on s'intéresse aussi aux évolutions des mentalités, aux non-dits, aux lois étranges, aux condamnations morales, bref aux bizarreries qui sont aussi à l'oeuvre dans cette affaire hors normes. Merci en tous cas de votre intervention.

Didier Specq

Écrit par : didier specq | 22/05/2012

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