Péripéties judiciaires

Depuis deux ou trois mois, deux logiques s'opposaient en comparution immédiate au tribunal de grande instance de Lille. Thèse des procureurs: la délinquance des ferrailleurs roumains, qui n'hésitent pas à récupérer des métaux ne leur appartenant pas, se généralise; ils tentent de démontrer à chaque fois que ce sont des ferrailles abandonnées; ils présentent des identités et des adresses très peu vérifiables; en conséquence il faut les faire passer en comparution immédiate et demander quelques mois de prison ferme sinon on ne les reverra pas. Bien sûr, les procureurs lillois intervenant en comparution immédiate expliquent tout ça de façon plus juridique: aucune garantie de représentation, réitération des faits à craindre, délinquance récurrente, etc...

En face, côté défense, on explique généralement que les ferrailleurs dans le box maîtrisent mal la langue et les codes français, qu'ils pensaient que c'étaient des ferrailles jetées à la poubelle ou du cuivre abandonné et que, de toutes façons, on ne condamnerait jamais à de la prison ferme un citoyen français primodélinquant pour des vols aussi peu significatifs.

Depuis quelques mois, les juges refusaient la prison ferme et sanctionnaient invariablement de quelques mois de sursis les prévenus roumains (ou bulgares) qui n'avaient jamais été condamnés. Mardi, le parquet de Lille semble avoir cédé: c'est de la prison avec sursis qui a été requise pour un ressortissant roumain qui avait puisé dans un stock de vieux appareils ménagers à recycler...

Didier Specq