11/10/2012

Valérie ou la fin de la vie privée

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On assiste en direct à la fin de la vie privée.

Si l'on a bien compris Valérie Trierweiller, devant le juge des référés (procédure d'urgence), va demander la saisie avant sa sortie du livre "La Frondeuse" écrit par Christophe Jakubyszin, en charge du service "politique" à TF1, et Alix Bouilhaguet, grand reporteur au service politique de France 2. Dans ce livre, qui n'est pas encore chez les libraires mais dont le contenu a déjà largement été diffusé pour appâter le lecteur, les deux hommes révèlent, entre autres, une liaison amoureuse (qu'ils donnent comme "sûre") avec un responsable de l'UMP voici une dizaine d'années.

Outre, la saisie du livre, devant le juge des référés, Valérie Trierweiller et son avocate annoncent donc par ailleurs une double plainte sur le fond: "diffamation" (on ne sait pas encore pourquoi) et "atteinte à la vie privée".

Inutile de dire que le nom de ce responsable de l'UMP, dont on imagine qu'il a une famille, des proches, des enfants, est brusquement diffusé partout alors que cette liaison, si elle est exacte, remonte à dix ans. On imagine les dégâts pour lui et ses proches. On imagine bien aussi les dégâts pour Valérie Trierweiller.

Bien sûr, jamais Valérie Trierweiller n'arrivera à déposer une plainte pour "atteinte à la vie privée" contre les médias qui commettent pourtant (en reprenant l'information) la même infraction vis-à-vis de la compagne du président de la République. Voici encore quelques années, l'atteinte à la vie privée (autrement dit révéler un détail intime qui n'avait rien à voir avec la vie publique ou une éventuelle enquête judiciaire en cours) constituait un délit presque automatique: pas besoin de démontrer si c'était vrai ou faux, le simple fait de révéler ce détail privé était une infraction incontestable.

On ignore bien sûr quelles seront les suites de ces plaintes de Valérie Trierweiller. Mais, c'est fini, d'ores et déjà, l'atteinte à la vie privée à la française a vécu. On ne voit pas ce qui pourrait empêcher désormais de remonter dans le passé intime des gens et de le mettre sur la place publique si ça s'avère croustillant...

Didier Specq

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