Péripéties judiciaires

C'est une histoire de stupéfiants qui passe en comparution immédiate vendredi après-midi à Lille. Un gros dossier assez complexe. Le président voudrait bien renvoyer et juger sur le fond quelques semaines plus tard. Les trois avocats défendant les trois prévenus aimeraient bien également plaider l'affaire plus tard et discuter uniquement, vendredi, de la mise en détention ou de la remise en liberté sous contrôle judiciaire. La procureure souhaite elle-aussi remettre le dossier à plus tard. Mais les trois prévenus veulent être jugés tout de suite et savoir illico à quelle sauce ils vont être mangés.

On examine donc le dossier sur le fond. Rien de, si l'on peut dire, de stupéfiant: trois copains qui dealent à fond du cannabis, de l'héroïne et de la cocaïne. Une originalité du trafic: tout (ou presque) se passe dans une localité très rurale à proximité de Lille.

Le principal protagoniste avoue 120.000 euros de bénéfice en 9 mois! Le président, qui examine l'affaire à l'audience, raconte la file des toxicos qui attend devant l'entrée de la maison qu'on vienne les "servir". Le président parle alors d'une écoute téléphonique où le prévenu principal (de sortie) explique à sa compagne (restée à la maison) qu'il faut envoyer balader les clients qui s'incrustent devant la porte. "Les termes sont très vifs, on les entend car le téléphone n'est pas raccroché" explique le président. Eh bien, cette petite amie dans la belle maison n'est pas considérée comme complice, n'a pas profité de l'argent ramené par son compagnon, n'a pas facilité le trafic. C'est l'opportunité des poursuites...

Didier Specq