Péripéties judiciaires

On se souvient des récits de Me Xavier Labbée, du livre de Me Eric Dupond-Moretti, de celui de Me Jean-Yves Moyart, des aventures picaresques de Me Antoine Berthe. Les avocats lillois écrivent. Une avocate lilloise vient d'apporter sa contribution. Me Blandine Lejeune, avec "Embrouilles Lilloises" publie, chez Ravet-Anceau, un roman policier d'un rigoureux classicisme. Sauf que... Sauf que, bien sûr, avec cette héroïne brune par ailleurs chroniqueuse judiciaire sur France 3, on se prend bien vite au petit jeu des ressemblances avec des personnages qui existeraient réellement. Ce qui tombe bien puisqu'une série de personnages officiant au Palais de Justice, à la Police Judiciaire ou dans les environs de la mairie de Lille agissent au fil du roman. Seule Martine Aubry intervient, si l'on peut dire, sous sa propre identité. C'est sans doute le point fort de ce roman: il fait penser à des dossiers croustillants qui défrayèrent la chronique. Au delà des coïncidences bien sûr fortuites avec des silhouettes adroitement dessinées, "Embrouilles Lilloises" suggère adroitement une ambiance locale constituée de proximités étranges. Et pourquoi pas de connivences diverses. Un petit monde se déchire dans les beaux quartiers où les protagonistes se connaissent forcément. L'intrigue est rondement menée jusqu'au rebondissement final. L'atmosphère a de la gueule. La noirceur des passions ne laisse guère de place aux sentiments modérés. L'avocate a trempé sa plume dans l'encre des dossiers les plus noirs. Pour un premier roman policier, c'est coup de maître. Didier Specq