Péripéties judiciaires

Au tribunal de Lille, le procès s'étale depuis lundi dernier, il a duré 4 jours, le parquet au bout de six heures de réquisitoire a réclamé au total 87 années de prison, jeudi soir le président Huard a annoncé qu'il rendrait sa décision en février. Bref, du lourd, du blanchiment d'argent, des centaines de kilos de cannabis, des plaidoiries à n'en plus finir.

Jeudi, rituellement, après les plaidoiries, le président demande à chacun des prévenus s'il a quelque chose à ajouter avant que l'audience soit levée. Quelques interventions ne sont pas piquées des hannetons.

"C'était pas un réquisitoire, c'était un assassinat" déclare un prévenu. "Je ne suis pas l'ambassadeur du diable sur cette terre" annonce un autre. "Quand je vais quinze jours en vacances au Maroc, c'est pas pour trafiquer. D'abord, je passe une semaine à dire bonjour à toute la famille et une autre semaine à lui dire au revoir" résume un troisième. "Ma porte est toujours ouverte 24 heures sur 24 et les policiers ont trouvé utile de la défoncer avec un bélier" se souvient un quatrième. "Je suis en train de me réinsérer. Avant je trafiquais, maintenant, je ne fais que consommer" estime un autre. Et pour la fin: "Je n'ai rien d'autre à ajouter, ça pourrait aggraver mon cas". Je ne sais plus qui a dit que l'humour était la politesse du désespoir. Même les dealers roubaisiens en ont.

Didier Specq