09/03/2013

Homosexuelle, proxénète et dispensée de peine...

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Il arrive que les faits-divers ouvrent sur la réalité une fenêtre qui ne correspond pas aux généralisations abusives.

Ainsi, l'histoire de cette jeune femme qui se retrouve, jeudi dernier, dans le box des prévenu(e)s durant l'audience des comparutions immédiates au tribunal de Lille.

Tout, dans cette histoire, dément les clichés habituels.

D'abord, la présumée proxénète n'est pas un homme. Non, c'est même une jolie jeune femme brune, plutôt frêle et toxicomane.

Non, la proxénète n'est pas non plus une affreuse mégère qui taperait sur la prostituée. Pas du tout, ces deux femmes, qui se sont rencontrées en prison où elles étaient détenues pour des vols liés à leur toxicomanie, s'aiment. Après l'amitié en prison, un amour est né quand elles s'installent ensemble dans un petit appartement lillois.

Non, la prostituée n'est pas une femme soumise dans cette histoire: "Nous nous aimions, nous nous sommes prostituées. Mais j'étais jalouse, je ne supportais pas de la voir partir avec des inconnus. Elle, ça ne la gênait pas trop, elle est moins jalouse. Alors, c'est moi qui lui ai demandé d'arrêter la prostitution". Voilà ce que raconte la "victime" à l'audience. Bien entendu, l'air décidée, elle est venue à l'audience témoigner mais elle refuse de se constituer partie civile.

Bref, Farida X., la proxénète dans le box, accompagnait son amie et regardait de loin quand, par exemple, elle se prostituait dans un parking souterrain après être montée dans la voiture d'un client. Farida X. se tenait prête à intervenir éventuellement en cas d'agression. C'est ce que la procureure explique: en protégeant l'activité (légale) de la compagne, en l'empêchant d'être agressée durant l'acte prostitutionnel, Farida X. devient proxénète puisqu'elle aide la prostitution d'autrui. Elle serait restée toujours chez elle en laissant sa compagne en danger, elle ne serait pas proxénète.

Ceci dit, la prévenue a forcément partagé, puisqu'elle vit avec son amie, les revenus tirés de la prostitution. Elle est donc là-aussi proxénète même si ces revenus sont très faibles.

La procureure avait demandé un peu de prison ferme. Toutefois, après la plaidoirie brillante de Me Guillaume Ghestem, le président Bernard Lemaire a annoncé une dispense de peine pour la prévenue. Ce n'est pas une relaxe mais ça y ressemble. Décidément, jusqu'au bout, cette histoire aura échappé aux clichés.

Didier Specq

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