13/03/2013
Les discriminations au banc d'essai
Staline est mort le 5 mars 1953. 60 ans déjà. C'est l'occasion de revenir sur la "science prolétarienne".
A la fin des années cinquante, en URSS stalinienne, un certain Lyssenko, un agronome soviétique, critique la science "bourgeoise" et remet en cause chromosomes et gènes. Grosso modo, pour Lyssenko, on peut tout transformer sans se préoccuper des réalités scientifiques comme la transmission des gènes. Le parti communiste français accueille cette nouvelle science prolétarienne avec enthousiasme. Aragon, comme d'habitude, pond sur ordre quelques poèmes qui soutiennent cette pseudo science. Bien sûr, tout s'écroule ensuite et les réalités scientifiques objectives reprendront le dessus.
Est-ce si différent aujourd'hui? La lutte contre les discriminations est devenue à juste titre un des buts essentiels des politiques. Une série de lois vient d'ailleurs appuyer dans les tribunaux cette préoccupation. Mais, là aussi, les réalités scientifiques sont parfois rebelles et suivent leur propre logique.
Ainsi les organisations homosexuelles protestent traditionnellement car les organismes qui recueillent les dons du sang, chapeautés par l'établissement français du sang (EFS), refusent les hommes homosexuels comme donneurs du sang.
Pourquoi? Essentiellement parce que le virus du Sida n'est détectable dans le sang que parce que des anti-corps, lorsqu'ils commencent à combattre le virus qui vient de pénétrer dans le corps, sont perceptibles. Ces anti-corps doivent commencer à se multiplier pour être détectables. Après l'arrivée du virus, il existe donc une "période d'ombre" de quelques semaines. Ou de deux ou trois mois si l'on veut être absolument certain. Les organismes recevant les dons du sang soumettent donc aux nouveaux donneurs un questionnaire où l'orientation sexuelle est demandée.
Pas que l'orientation sexuelle d'ailleurs puisque les tatouages, les piercings, les séjours en Afrique, la prostitution, la toxicomanie, certaines maladies (etc) sont regardés aussi avec suspicion par l'EFS. Dans un autre domaine, ceux qui ont fait un long séjour en Angleterre entre 1980 et 1996 sont écartés des dons du sang car ils ont peut-être mangé de la "vache folle" ("l'incubation" de cette maladie est très longue).
Les trop vieux, les trop jeunes, les tatoués, les malades (etc) n'ont pas protesté parce qu'on pratiquait une "discrimination" à leur égard. Les homosexuels l'ont fait et, très souvent, ils rencontrent une oreille complaisante à gauche.
Outre la période d'ombre évoquée plus haut entre deux tests, les responsables de la transfusion sanguine écartent les homosexuels du don du sang parce que les pratiques sexuelles habituelles des homos (la sodomie pour être clair) impliquent des micro blessures lors des pénétrations et donc des échanges de sang. Donc une transmission plus facile d'un éventuel virus.
En revanche, dans les rapports hétérosexuels, les secrétions des muqueuses vaginales de la femme imposent un barrage presque toujours efficace à la pénétration des virus. Bien sûr, les préservatifs sont efficaces. Mais les responsables de la transfusion sanguine savent bien qu'ils ne sont pas employés tout le temps, qu'on les oublie, qu'ils glissent, etc. Résultats: le taux de prévalence du virus du sida chez les homosexuels est 200 fois supérieur à celui des hétérosexuels. Il y a donc un risque trop important, pendant la période d'ombre, de présence invisible du virus cher les homosexuels. Attention, les homosexuelles, pour des raisons évidentes, ne courent que très peu de risques d'être infectées par le virus du sida et ne sont pas écartées du don du sang.
Ces considérations médicales et épidémiologiques ont beau être scientifiques, elles ne cadraient pas avec la "science prolétarienne", pardon la "science anti-discriminatoire".
C'est ainsi que la revendication de l'ouverture du don du sang aux homosexuels est entrée dans le programme de François Hollande. En mai dernier, dès l'élection du nouveau président de la République, Marisol Touraine, ministre de la santé, annonce que le don du sang va être ouvert aux homosexuels hommes. Extraordinaire! Les scientifiques, les médecins, les épidémiologistes à la tête de l'établissement français du sang n'ont pas d'avis à donner; ce sont les responsables politiques de gauche, parce qu'ils ont peur de donner l'impression de couvrir une discrimination, qui décident. des réalités scientifiques.
Presqu'un an après, rien n'a bougé. Discrètement, Marisol Touraine a expliqué que, finalement, "l'interdiction ne peut être levée". Admirons la phrase exacte et alambiquée de la ministre de la santé: "Je ne trouve pas normal qu'il y ait un élément de discrimination; pour autant, je ne peux lever l'interdiction qui existe encore si on ne me donne pas la garantie absolue que cela n'apportera pas plus de risques pour les transfusés". Ben oui, madame la ministre, le don du sang n'est pas conçu pour soigner le sentiment de discrimination de tel ou tel mais il existe pour soigner des malades, des accouchées, des hémophiles...
Didier Specq
00:25 Publié dans discrimination, Justice | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.