25/03/2013

la longue plainte des puissants

Comme les puissants sont attendrissants quand ils s'étonnent d'être traités comme des citoyens de base.


Bien sûr, après sa mise en examen pour abus de faiblesse, l'ex-président Nicolas Sarkozy est ulcéré. Comme le fut il n'y a pas si longtemps Martine Aubry mise en examen dans l'affaire de l'amiante. Rappelons que Cécile Duflot, dans une interview au Journal du Dimanche, expliquait aussitôt que mettre en examen des personnalités n'étaient pas une bonne chose dans les affaires de pollution et que c'était "les livrer à la vindicte populaire".

Cette fois, dans le Journal du Dimanche, ce sont deux pages bien tassées d'indignation des Sarkozystes. Pourtant, quand des soupçons s'accumulent, comment opérer autrement? Les juges sont bien obligés de mettre en examen. Peut-être les politiques préféreraient-ils passer illico en comparution immédiate sur la base des procès-verbaux de la police et après avoir mijoté deux ou trois jours dans les cellules de gardes à vue et les geôles du Palais?


Le choeur des amis de l'ancien président n'a pas fait dans la dentelle. "Ignominie" (Patrick Balkany), "grotesque et abject" (Nadine Morano), "irresponsable" (Patrick Guaino), etc...

Pourtant, l'abus supposé de faiblesse, en cas d'histoires de gros sous, est d'une banalité à pleurer. Ces soupçons très courants nourrissent de nombreux dossiers d'instruction où des victimes présumées s'inquiètent de la disparition d'un capital. Généralement, c'est compliqué à prouver (et compliqué à défendre!) car on se situe sur un terrain mouvant où les preuves incontournables manquent parfois. Mais les puissants, dans leur longue plainte lorsqu'ils sont traités comme tout le monde, n'ont pas encore trouvé le moyen d'échapper totalement à un principe: l'égalité de tous devant la loi que ces puissants votent.

Didier Specq

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