28/03/2013

Injurier des juges, c'est cool...

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Le déchaînement des amis de Sarkozy contre le juge Gentil pourrait avoir des conséquences dans la justice quotidienne.

Il suffit d'assister régulièrement à des audiences de comparution immédiate pour constater un fait indéniable: les injures ou les pressions psychologiques des bandes de supporters de prévenus (par exemple) ne sont pas rares. Ce phénomène n'est pas généralisé mais il existe.

Augmente-t-il? Peut-être. Surtout si l'on considère que, désormais, le public des audiences correctionnelles est en quelque sorte sélectionné puisque des contrôles sévères à l'entrée des tribunaux permettent d'éliminer une partie des personnes potentiellement virulentes. Elles sont fouillées donc renoncent souvent à venir aux audiences. D'ailleurs, la foule dans la salle des pas-perdus est devenue beaucoup plus restreinte, au fil des ans, dans un gros tribunal comme celui de Lille.

L'énervement des prévenus ou de leurs proches, notamment quand un décision de prison ferme tombe, est toutefois en partie compréhensible. Les portes de la prison vont s'ouvrir et ce n'est tout de même pas une bonne nouvelle pour le condamné. Des injures fusent parfois, des menaces, des bousculades. L'importance de ces réactions n'est d'ailleurs pas l'essentiel: il ne faut pas oublier la pression psychologique directe ou indirecte sur les juges, les parties civiles, les avocats, les témoins...

Dans ce contexte, les réactions très médiatisées des proches de Nicolas Sarkozy après sa mise en examen, ne peuvent qu'avoir des conséquences dans les audiences correctionnelles de base. D'autant qu'il ne s'agit de propos d'ordre général mais bien d'attaques nominales et précises contre le juge Gentil.

Indéniablement, ces propos, tenus à chaud par des condamnés ou des proches, auraient entraîné des condamnations! Pourtant ces condamnés lambdas ne sont guère diplômés, ont vécu souvent une vie de chien et viennent de subir des sanctions qui généralement n'ont rien à voir avec les sursis ou les amendes infligés aux puissants... Désormais, la "racaille", comme disait Nicolas Sarkozy, pourra rétorquer que l'exemple vient de haut.

Didier Specq

Commentaires

Quand des politiques se comportent comme des racailles qu'y a-t-il d'étonnant à ce qu'ils en aient le discours ?

Écrit par : Bonsensenaction | 28/03/2013

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