10/05/2013

Les factures de l'esclavage devant les tribunaux.

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Louis-Georges Tin, le président du "Conseil Représentatif des Associations Noires", va déposer aujourd'hui une plainte particulièrement "efficace" contre la "Caisse des Dépôts et Consignations".

Pourquoi "efficace"? Nous ne parlons pas bien entendu de l'issue de cette procédure dont, n'étant pas prophète, le signature de ces lignes ne sait rien. Mais force est de constater, d'ores et déjà, que la plainte déposée par Louis-Georges Tin est particulièrement bien ficelée. Et qu'elle va percuter toute une série de contradictions de la société française. Et surtout les trous noirs de sa bonne conscience.

D'abord, déposer cette plainte lors de la journée consacrée à la mémoire de l'esclavage, c'est s'assurer la publicité maximum. Car, bien sûr, une fois les discours rituels prononcés, la presse ne pourra que s'intéresser à cette offensive du CRAN.

Première objection que l'on pourrait formuler à l'encontre du CRAN: "vous prétendez fédérer des associations noires mais, justement, les races n'existent pas et, si elles existent, on ne peut pas constituer des associations ouvertes uniquement à une race et discriminante à l'égard des autres races". Objection non recevable votre honneur car, justement, le CRAN précise dans ses statuts qu'il rassemble toutes personnes sensibles à la question de l'esclavage et à l'oppression historique du peuple noir "quelques soient leurs croyances, leur religion, leur genre, leur sexualité ou leur couleur de peau". Bref, le Conseil Représentatif des Associations Noires ne représentent pas des Noirs. D'ailleurs, pour enfoncer le clou, le CRAN se prononce contre toutes les statistiques ethniques directes ou indirectes.

Seconde objection: les traites négrières sont historiquement lointaines et on ne peut demander raisonnablement des réparations aussi longtemps après les faits. Ce n'est pas la même chose bien sûr, par exemple, pour des réparations demandées quelques dizaines d'années après la seconde guerre mondiale en ce qui concerne l'extermination des Juifs. Là-aussi, la critique tombe à plat car le CRAN tire sa première cartouche avec une demande de réparation concernant Haïti.

La cible est particulièrement bien choisie. Haïti, ancienne colonie française peuplée d'esclaves, est toujours aujourd'hui le seul pays indépendant des Caraïbes qui parle français. C'est la révolte de ces esclaves qui, en 1793, avait conduit les révolutionnaires français à abolir l'esclavage. Lequel avait été rétabli par Napoléon. En 1804, nouvelle révolte des habitants de l'île et, cette fois, les troupes françaises sont défaites. Haïti devient une république indépendante. Mais la reconnaissance de cette indépendance tardera: c'est Charles X, roi de France restauré, qui finira par l'admettre contre une "compensation" de 150 millions de francs-or payable par mensualités! Les ex-esclaves ont été obligés de payer pour racheter leur liberté! Et cette dette sera réglée, petit à petit, par les Haïtiens jusque dans les années 1950! Sur cette question précise, le CRAN peut à bon droit prétendre qu'il ne vient pas réclamer des dettes qui remonteraient à des centaines d'années. 1950, c'est tout proche. Et cette compensation payée par un des pays les plus pauvres de la planète représente aujourd'hui 17 milliards d'euros.

Si le sujet n'était pas si grave, on pourrait rire à gorge déployée en imaginant la tête des dignes banquiers de la Caisse des Dépôts et Consignations qui aurait reçu cet argent jusque dans les années 50. La facture est gratinée...

L'objection la plus sérieuse pourrait tenir aux grandes lignes de l'histoire du monde. La traite subie par les Africains à travers les siècles n'a pas été menée que par les Blancs. D'ailleurs, si aujourd'hui on s'adresse aux pays européens sur la question de l'esclavage, c'est bien parce que ces pays -notamment l'Angleterre et la France- ont été les premiers à culpabiliser sur le sujet et à abolir l'esclavage!

Mais l'énorme traite négrière à travers tout l'espace arabo-musulman a été aussi meurtrière que la traite menée par les Européens.

L'Empire Ottoman a longtemps vécu avec l'esclavage, en coupant souvent le sexe des esclaves hommes afin qu'il ne se reproduisent pas. L'Arabie Saoudite n'a aboli l'esclavage qu'en 1946 et la Mauritanie qu'en 1981!

Encore faut-il savoir que ces abolitions ne sont qu'officielles et que, souvent, dans des pays proches de la Mauritanie, des esclaves sont encore rachetés aujourd'hui par des organisations humanitaires. La traite négrière en Afrique a été aussi organisée par des tribus africaines qui organisaient des razzias d'esclaves, lesquels, à certaines époques, étaient revendus aux Européens. Les historiens estiment d'ailleurs que les Européens n'ont pas, à travers les siècles, étaient les artisans principaux de l'esclavage subi par les Africains, loin de là.

Mais, justement, le CRAN, en France, ne peut pas porter plainte contre des pratiques non-européennes: la loi Taubira estime que l'esclavage est un crime contre l'humanité mais uniquement quand ce sont les Européens (ou les Européens établis en Amérique ou dans les Indes) qui l'organisent.

Il suffit de lire l'article 1 de cette loi. Le texte porté par Christiane Taubira détaille les races victimes à l'exception des Blancs alors que le terme même "esclave" provient des Slaves victimes de la traite organisée par l'empire turc. Ce même texte limite l'esclavage comme crime contre l'humanité dans le temps et la géographie afin de ne pas parler de la traite à travers le Sahara et des raids sur les côtés de la Méditerranée et en Afrique.

Le CRAN n'est bien sûr pas responsable de ce texte étrange voté par les députés français unanimes...

On constate donc que la plainte du CRAN est particulièrement bien ajustée. On en reparlera sûrement.

Didier Specq

Commentaires

Vous avez tellement raison que le CRAN s'est désolidarisé de la plainte de son président en la jugeant opportuniste et contre-productive. :p

Écrit par : Bonsensenaction | 14/05/2013

Non content de devaster l'Europe avec ses soudards, Napo avait retabli l'esclavage en Haïti ! Quelle famille! ET cette histoire de rachat de la liberté à crédit est incroyable surtout sur un siècle et en francs or. On voit tout ce que les Noirs americains pourraient tirer de cette affaire. Mais à ce train là, on ne peut plus s'arrêter. il faudrait donc dedommager les Africains raflés pour le travaile forcé dans les années 30, indemniser les malheureux à qui les Belges coupaient les mains quand ils volaient une poule et tous les coolies qui sont morts le long de la voie de chemin de fer Nairobi Monbassa et ceux morts sous le knout allemand lors del a construction du train Dar es Salaam Kigoma sur le lac Tanganyika. Et plus près de nous, cités par Gide, le travail forcé pour la ligne Congo Ocean, un cadavre sous chaque traverse. Ajoutons le Goulag et les plus proches encore, les 30 millions de victimes du regime de Mao dont certains thuriferaires ont un poste envié dans le monde de la culture actuel, Sollers par ex .

Écrit par : prozac pétrifié | 16/05/2013

le mot noir est encore toléré?avec tous les mots que l'on suppriment du dico,on ne s'en sortira plus; Quand on se rappelle que SARKO voulait employer un KARCHER pour nettoyer les banlieues de la ...RACAILLE , là où il suffisait de supprimer le mot "RACAILLE " du dictionnaire français !reste à supprimer également pere et mere par parent 1 ou parent 2,remplacer coupable par innocent pour un élu....

Écrit par : monsensenaction | 18/05/2013

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