30/05/2013

C'est parfois dangereux de divorcer...

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...surtout quand on est étranger en situation irrégulière.

C'est une histoire inquiétante racontée par Me Emmanuelle Lequien, avocate au barreau de Lille. Au départ, c'est un divorce, rien d'inquiétant que du banal. Le futur divorcé est marocain, il a trente ans et il se trouve en situation irrégulière en France avec une obligation de quitter le territoire français. Quand il entre dans le tribunal de Valenciennes où une juge aux affaires familiales l'attend, on commence par lui demander ses papiers d'identité. Bizarre. Quand il se trouve devant le bureau de la juge qui va examiner le divorce, des policiers l'arrêtent. Et, pof, il se retrouve emmené dans un centre de rétention pour être expulsé le plus vite possible vers le Maroc.

Me Emmanuelle Lequien, son avocate, proteste. La juge aux affaires familiales n'est pas scandalisée. Pourtant, c'est jugé, rejugé et appuyé par la législation européenne: pour expulser un étranger, on n'a pas le droit de lui tendre un piège ou de profiter d'une autre procédure. C'est un peu logique d'ailleurs: un étranger en situation irrégulière, ou craignant d'y être, doit pouvoir témoigner, divorcer, être victime, etc.

L'avocate lilloise s'indigne, proteste, s'insurge. La juge ne s'offusque pas de cette arrestation avant même son audience. Un procureur averti ne s'indigne pas non plus. Bref, tout roule bizarrement: les magistrats confrontés à cette arrestation ne semblent pas pressés de jouer leur rôle de protecteurs des libertés individuelles.

La (bonne) surprise viendra d'ailleurs: c'est la préfecture qui va libérer le ressortissant marocain car, pour elle, il est évident que cette arrestation est illégale.

Surprenant non? Les magistrats sont chargés de surveiller d'éventuels errements des fonctionnaires de la préfecture et c'est cette dernière qui juge tout de suite cette arrestation illégale.

Didier Specq

Commentaires

Si l'absence de réaction des magistrats est inquiétante, celle de la préfecture mérite des éloges. Car même si je ne doute pas qu'un avocat avisé aurait fait tomber cette procédure, c'est toujours bon de voir l'administration respectueuse de la loi. Et quel temps gagné pour la justice...

Écrit par : Janus | 30/05/2013

Pour nous , la Prefette n'a pas suivi ces consignes là , elle a fait renvoyer du centre de détentions à son pays , ma fiancée .Sans prendre l'avis des deux maires qui devaient nous marier .C'était en 2004 , et depuis nous sommes mariés , mais sans possible retour de mon épouse .Juste un des trois enfant de mon épouse (adoption plénière est arrivé ) la famille est coupée en trois .
Chaque cas est un cas différent , mais 10 ans pour vivre ensemblent paraît très long pour les mariés , avec CCM en 2008 ?

Écrit par : Claude | 04/06/2013

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