27/06/2013

Les skins présumés homophobes seront-ils jugés un jour?

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Quand un dossier s'emmanche mal, comme le rappellent les vieux juristes...

Résumons les épisodes précédents. Le 17 avril dans la soirée, aux abords d'un bar gay de Lille, trois jeunes gens d'apparence skin head font une entrée remarquée dans l'établissement de nuit. Le ton monte, des injures homophobes fusent, des coups sont échangés, une chaise atterrit sur la vitrine du "Vice-versa", le bar de la rue de la Barre.

La police est alertée et les trois jeunes gens au crâne rasé sont rapidement interpellés non loin de là dans le Vieux-Lille.

Contexte: en France, autour des manifestations et des contre-manifestations concernant le mariage ouvert aux couples du même sexe, la situation se tend en avril. Certains éditorialistes n'hésitent pas à évoquer l'extrème-droite renaissante, les lignes factieuses des années trente, un mai 68 à l'envers, etc.

Bref, la rixe est relativement minime (pas d'interruption temporaire de travail constatée par la médecine légale, une vitrine étoilée et des présumés agresseurs mis en fuite) mais l'affaire est grave.

Le trio se retrouve donc en comparution immédiate. Les avocats demandent le report de l'affaire. Et la présidente Nourith Reliquet les place en détention provisoire en attendant leur prochain procès quelques semaines plus tard.

Placer en détention provisoire trois personnes jamais condamnées, travaillant, disposant d'une adresse vérifiée? Certes, leurs actes supposés sont graves mais -saisie en procédure d'urgence- la Cour d'Appel les remet en liberté. Premier couac.

En matière de violences "en réunion" (il faut cette circonstance aggravante si l'on veut condamner les trois qui bien sûr n'ont pas tous participé obligatoirement aux coups), on n'a droit, selon le code pénal, qu'à une circonstance aggravante en cas de violences sans interruption temporaire de travail. Donc, le procureur poursuit aussi, en plus, pour injures homophobes car il ne peut pas rajouter la circonstance aggravante qui serait violences "en raison de l'orientation sexuelle des victimes".

Or, on a confondu vitesse et précipitation: non seulement, les trois skins ont été remis en liberté mais, le jour du procès, les avocats de la défense font remarquer que les "injures homophobes" (poursuives comme un délit séparé) sont un délit de presse et ne peuvent être jugés, selon le code, en comparution immédiate.

La présidente Reliquet est donc obligée de renvoyer devant une audience correctionnelle normale qu'elle préside par ailleurs.

Mercredi 26 juin, ça foire toujours. Motif: les avocats de la défense se sont aperçus qu'un des trois n'avait pas reçu son assignation 20 jours avant le procès. Donc pas possible de les juger sur le fond. Nouveau renvoi au 4 septembre cette fois.

Inutile de dire qu'après les vacances, beaucoup d'eau aura coulé sous les ponts. D'abord, la présidente Reliquet ne présidera plus l'audience correctionnelle puisque la magistrate est nommée à la Cour d'Appel de Douai. Ensuite, de plus en plus, au fur et à mesure qu'on s'éloigne des faits, il y a gros à parier que la tension sera largement retombée. Soyons clairs: s'il n'y avait pas eu les propos présumés homophobes, une procédure bien plus douce aurait été choisie.

Enfin, le 4 septembre, lors du procès, on va voir si, effectivement, les injures homophobes ont été bien retranscrites et bien attribuées à telle ou telle personne. Notre petit doigt nous a dit que la défense avait encore plus d'un tour dans son sac.

Didier Specq

Commentaires

Qu'ils soient skin, straight, bi, tri ou homo ne fait rien à l'affaire, ils se ressemblent tous : boire de l'alcool les reunit. La charte de la vie nocturne fruit des dechaînement alcoolisés voulus par Lille 2004 aboutit à concentrer dans des quartiers habités des etablissements qui font un vacarme nocturne insupportable pour les riverains tout en remplissant les poches des gerants de ces etablissements. Inutile d'appeler la police municipale, elle ferme à 18h...

Que ces agresseurs ait une adresse et aucune condamnation n'etonnera personne et ce n'est pas une circonstance atténuante. Chacun sait que les skinheads sont souvent des personnes très BC BG qui travaillent dans des banques ou autres etablissements qui filtrent leurs recrues. Mais le soir, on se defoule. D Specq aura lu "Dr Jekyll & Mr Hyde ?".

Les bars sont une realité mais pourquoi la ville autorise ce genre d'etablissements "Seveso" en plein centre dans des rues habitées par des familles ou des personnes qui se lèvent le matin pour aller travailler et dont les cotisations sociales alimentent la SS qui devra prendre en charge les ivrognes issus de ces bars ?

Écrit par : Odeladeule | 30/06/2013

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