14/08/2013

Stéphanie Ausbart, juge d'instruction et auteure cachée

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En 212 pages bien tassées, la juge d'instruction de l'affaire du Carlton vient d'écrire un texte qui, un jour, sera un succès littéraire.

Certes, cette ordonnance de renvoi devant le tribunal de Lille, qui concerne les quatorze mis en examen de l'affaire du Carlton n'est pas un texte purement littéraire. Mais, tout de même, il vise une certaine clarté et une démonstration qui se veut percutante: à travers la description d'un certain "Tout-Lille" qui consomme entre amis des prostituées, souvent basées en Belgique, on distingue une description saisissante d'un monde lillois tissé de connivences et de liens cachés.

Il faut parfois remonter trente ans en arrière pour tirer au jour les fils qui relient les uns et les autres à travers l'histoire de la police locale, les relations associatives, les vieilles amitiés ou les rancunes recuites. Et Stéphanie Ausbart, apparemment, n'omet aucun détail qui fait mouche: il s'agit d'établir l'existence d'un réseau de prostitution destiné à fournir d'accortes jeunes femmes à une frange de la bourgeoisie locale. Balzac? Gérard de Villiers? Toujours est-il que la démonstration, quand elle sera déballée à l'audience, sera explosive.

Bien sûr, d'ores et déjà, on peut se poser une question: est-ce de la littérature, un point de vue particulier, une vision très personnelle ou est-ce une réalité juridique? En tous cas, les mis en examen et les témoins -souvent des personnalités locales- risquent de passer un mauvais quart d'heure, lors des débats publics, quand ils seront confrontés à ce texte qui paraît souvent terriblement implacable.

Certes, cette ordonnance de renvoi devant le tribunal de Lille est signée aussi de l'autre juge d'instruction du dossier, Matthieu Vignau. Mais, indéniablement, le texte, pour l'essentiel, porte la marque de Stéphanie Ausbart puisque le second magistrat instructeur s'est occupé surtout de l'aspect "délit économique" alors que c'est l'aspect "moeurs" qui s'est révélé de loin le plus croustillant.

Comme n'importe quel roman, ce texte littéraire d'un genre particulier se passionne essentiellement pour un héros: Dominique Strauss-Kahn. Dans quelques années, quand le texte de Stéphanie Ausbart sera devenu public, on pourra prétendre que cette ordonnance de renvoi constitue sans doute le portrait le plus incisif de DSK. Le plus juste? Le plus à charge? Le plus éloigné de la vérité du personnage? On se posera aussi bien entendu ces questions.

Certes, cette ordonnance de renvoi est pour l'instant secrète. Mais elle circule ici ou là dans la pénombre. Et le caractère semi-clandestin de ce texte ne nuira certes pas à sa réputation future. D'ailleurs, les amateurs de sensations fortes seront servis puisque, dès l'origine, ce texte a été porté, en quelque sorte, par un groupe secret d'enquêteurs. Un roman noir en quelque sorte. Ou une construction fausse. On verra ce qu'en diront au final les juges en correctionnelle...

Commentaires

Beaux papiers! Belles analyses! Vivement le procès.

Écrit par : Franck B. | 15/08/2013

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