13/09/2013
Ambiance relaxante au tribunal...
Croire les victimes sur parole en cas de violences conjugales, c'est un peu la tendance dans les tribunaux. Quoique...
Sur le papier et si l’on en croit la victime, Mourad B., un Lillois âgé de 23 ans, est un dangereux criminel. D’abord, le 28 juin dernier, vers 3 h du matin il la bat à coups de manivelle après l’avoir emmenée de force sur le parking désert d’un supermarché lillois. Une clinique soigne la jeune femme dans la nuit.
Ensuite, du 24 au 26 août, elle est encore frappée chez elle par son ex-concubin qui n’accepte pas la rupture. Enfin, du 26 au 28 août, le jeune homme continue: injures et menaces par SMS afin de la contraindre à retirer sa plainte.
Hier, Mourad B., emprisonné depuis la fin août, comparaît enfin jeudi devant le président Bernard Lemaire. La victime, une pétulante jeune fille brune, répète ses accusations. L’affaire est d’autant plus grave que Moura B. a effectivement été déjà condamné pour des violences sur la jeune femme avec qui il a une relation chaotique. « Justement, j’ai compris, je ne la frappe pas, elle raconte n’importe quoi » assure le prévenu sorti de prison en juillet dernier.
Difficile à croire cependant vu le passé. Les coups de manivelle ? Objections du prévenu : « Il n’y a rien eu de tout ça, nous étions ensemble dans un parc lillois où elle a grimpé à une araignée, un jeu d’escalade pour les enfants ! Elle était ivre, elle est tombée ! » Et d’ajouter : « Nous nous voyions, c’est vrai ! C’est plutôt elle qui m’a contacté à nouveau».
La jolie brune admet ces relations. Le président Bernard Lemaire soupire : « Si j’ai bien compris, vous ne viviez pas avec lui mais vous couchiez ensemble régulièrement ». Côté enquête de voisinage, personne ne constate d’éventuelles violences du prévenu. « Quand une assistante sociale parle de violences, elle n’a rien vu, elle ne fait que reprendre les propos de la présumée victime » note Me Stéphane Bulteau.
Mêmes dénégations et mêmes accusations impétueuses pour les violences de la fin août. Quant aux menaces, le prévenu les balaye: « Je n’avais pas de portable, ce n’est pas moi qui ai envoyé ces SMS ».
Le président Lemaire ne peut s’empêcher de noter que, lors d’une confrontation, la victime injurie les policiers…
« C’est un peu le bazar » constate le procureur Christophe Amunzateguy qui remarque que, pour ce type de récidives, la peine maximum est de 10 ans de prison. « Les explications sont parfois confuses, j’en conviens, mais cette jeune femme a toujours expliqué que leurs relations tournaient mal ». 2 ans de prison sont requis.
Me Bulteau en défense se scandalise : « On nous dit que c’est très grave mais on ne vérifie rien ! On n’interroge même pas le médecin de la clinique, on ne recherche pas la manivelle pour voir s’il y a du sang ou des traces dessus ! » Et de conclure : « On se contente de la parole de la supposée victime ! »
Au final, surprise, le président Lemaire annoncera effectivement « relaxe au bénéfice du doute ».
Didier Specq
07:39 Publié dans Féminisme, Prisons | Lien permanent | Commentaires (0)
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