02/10/2013

Une affaire délicate, le calvaire d'un enfant...

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Comment réprimer les violences sur les enfants?

Curieusement, les violences sur les enfants ne semblent plus être une priorité nationale. On ne connait pas par exemple le nombre d'enfants morts en France chaque année des suites de violences ou de maltraitances. Il semble que l'Ordre des Médecins parle de 700 enfants mais cette évaluation n'est pas du tout confirmée par rapport à d'autres études. Comme si la douceur rêvée des familles était quelque part incontestable.

Prenons en exemple cette affaire plus que délicate examinée lundi dernier au tribunal de Lille. Tout commence le 15 avril 2011 dans un modeste appartement de Mons-en-Baroeul. Monsieur est parti voir un match de foot. « Lille-Bordeaux » précise-t-il à la présidente Alexa Fricot lors du procès.

Madame est restée à la maison avec son fils âgé de 5 ans et sa fille un peu plus âgée. Quand, vers 23 h, Olivier D., 41 ans, rentre chez lui, c’est l’horreur : dans le couloir, son fils, à quatre pattes, vomit du sang sans arrêt. Le père tente de l’allonger, de le mettre assis. Peine perdue : le petit a tellement mal au ventre qu’il ne peut résister à la douleur qu’à quatre pattes. Nathalie V., 39 ans, regarde pendant ce temps la télé dans le salon ! Le père alerte SOS-Médecins puis demande en urgence l’hospitalisation de son fils.

A l’hôpital, loin de la « gastro » alléguée par l’épouse, on détecte de violents coups sur le dos et le ventre qui ont fracturé le foie et le pancréas ! L’enfant va passer à deux doigts de la mort. Horreur : Nathalie V. admet que c’est vers 19 h qu’elle a tabassé son fils dans le couloir à coups de pied… "J'étais en pantoufles" assure-t-elle.

Lundi, devant les magistrats, la prévenue se plaint : « Je ne sais pas ce qui s’est passé, j’ai revécu des souvenirs très durs de mon enfance ». La présidente s’étonne : « Vous restez amorphe, vous ne réconfortez pas l’enfant, vous n’alertez personne ! » La prévenue n’a effectivement rien fait. « Elle était prostrée » explique Me Sophie Lefrançois, son avocate.

Et l’attitude du père dans tout ça ? « Oh, lui, à part le foot, il ne s’occupait de rien » assure la mère de famille. Le prévenu a demandé immédiatement le divorce. La procureure Laurie Leblond l’interroge sur les soupçons qu’il devait avoir.

En effet, l’enfant avait déjà présenté de sérieux coups. Il avait même subi auparavant, quand il ne parlait pas encore, deux fractures. « C’est à cause du lit à barreaux » assure la mère. Le père explique qu’effectivement son fils s’était coincé une fois et que, après l’intervention du papa, tout allait bien.
« J’avais des soupçons mais pas de preuves » explique le père. Le prévenu s’étonnait également des explications contradictoires de sa compagne qui allait même jusqu’à mettre en cause sa fille. Bref, le petit garçon vivait un calvaire et personne ne réagissait.

Reste l’altération du discernement détectée par les experts qui joue en faveur de la mère : la procureure ne réclame « que » 8 mois de prison avec sursis avec mise à l’épreuve. Ce sera effectivement la peine prononcée hier soir contre la mère (on relaxe pour l'histoire mal étayée des fractures).

Me Chérifa Benmouffok, pour le père, se scandalise des accusations portées contre le père. La procureure a demandé 2 mois de prison avec sursis. Après délibérations, la présidente annoncera une relaxe totale en faveur du père.

Didier Specq

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