05/12/2013

Le terminus pour le chauffeur de bus

bus.jpeg

Le chauffeur de bus contait fleurette à de trop jeunes filles

Chauffeur

Bien sûr, comme beaucoup d’atteintes sexuelles où il n’y a guère de témoins et où les violences éventuelles n’ont pas laissé de traces visibles, l’affaire de Joël D., un habitant de Villeneuve d’Ascq âgé de 40 ans, est complexe. La plainte initiale, au jour du jugement, remonte à trois ans et lorsque Joël D. comparaît timidement, on devine tout de suite que le prévenu n’est guère à l’aise dans a vie.

Le président Robert Adam commence d’ailleurs pas la personnalité de Joël D. Le prévenu vit toujours chez sa mère et, lorsqu’il parle de ses amies, il évoque les « filles avec qui il est sorti » un peu à la manière d’un lycéen.

En 2009, c’est une jeune fille âgée de 18 ans qui dépose plainte avec l’aide de ses parents contre lui : elle a un handicap physique peu perceptible et aussi des problèmes psychologiques et, alors qu’il la transportait en tant que chauffeur de bus, il se serait livré à des attouchements sexuels sur elle. C’est d’autant plus grave pour Joël D. qu’il est employé comme chauffeur d’un mini-bus qui, justement, pour le compte de collectivités territoriales, transporte des jeunes gens et des enfants vers divers centres. Pour cette victime, il s’agissait d’un centre pour handicapés moteurs. Et non pas pour handicapés mentaux comme le fait remarquer le président Adam à l’avocat de la partie civile.

Joël D. parle de « chatouilles », d’une jeune fille amoureuse qui voulait toujours se placer près de lui. « Mon patron m’en a fait la remarque, alors, pour ne pas avoir d’ennuis, je la mettais au fond du bus. Mais elle voulait toujours revenir » affirme le chauffeur. Un témoin confirme.

Mais, du côté de Me Bailly, partie civile, on parle même de « viol » en évoquant une pénétration digitale. La juge d’instruction a laissé tomber l’accusation de « viol » et, pour Me Gaëlle Métairie, qui intervient pour le prévenu, « c’est de toutes façons impossible devant témoins et tout en conduisant ». Le bus, géolocalisé, n'a jamais marqué d'arrêts suspects.

L’homme est donc poursuivi pour cette agression sexuelle et c’est là que le dossier prend une autre ampleur: invité par les policiers à parler de sa vie sentimentale, l’homme timide livre tout. Et, notamment, la fréquentation de plusieurs petites amies âgées de 15 ans qu’il contactait par des réseaux internet tout en trichant souvent sur son âge. Mais, problème : c’est volontairement que, quand elles l’avaient rencontré en personne, les très jeunes filles en question poursuivaient leurs relations y compris intimes avec le chauffeur.

On glose sur la différence d’âge entre l’homme de 37 ans et ces mineures : « Pour lui, c’étaient de vraies histoires d’amour, d’ailleurs, il n’y en avait pas plusieurs en même temps et, pour l’une d’entre elles, ça a duré plus d’un an » précise Me Gaëlle Métairie. En revanche, quand la rupture intervenait, Joël D. savait être « méchant » : menaces de tout dire aux parents ou de publier des photos intimes sur les réseaux sociaux, appels téléphoniques malveillants…

Des incriminations pour « corruption de mineurs » avec la circonstance aggravante que ça se fait par l’intermédiaire d’internet et pour « appels malveillants » s’ajoutent alors au dossier. Le chauffeur, jamais condamné, va mijoter un an en détention provisoire.

Bien sûr, tout le monde a conscience que le dossier hésite entre le pénal et la morale. « Il n’y a jamais eu d’amour, il s’agit d’une recherche de vulnérabilité » assure la procureure. Et la magistrate de lancer : « Il allait sur le forum de NRJ. Qui aime ce genre de musiques ? Sinon les très jeunes ! »

Deux victimes sont représentées. « C’est un choc monumental pou ma jeune cliente, elle a vécu l’enfer, ce n’est pas possible à cet âge d’être l’objet d’une vidéo sur internet » explique Me Stéphanie Dumetz. « Elle avait l’impression d’être amoureuse, à son âge elle ne connaissait rien à l’amour, il lui mettait des étoiles dans les yeux » plaide Me Karine Hoste.

Au final, les juges laisseront tomber la prévention de « corruption de mineurs » mais garderont celle pour « appels téléphoniques malveillants ». En revanche, l’accusation pour la jeune fille majeure à l’initiative de la première plainte sera conservée intégralement. Un an ferme tombe sur l’ex chauffeur de bus qu'il n'effectuera pas puisqu'il a déjà subi un an de provisoire.

« Je regrette d’avoir eu des relations avec ces deux jeunes filles aussi jeunes, ça m’a apporté du souci » balbutie le prévenu qui nie toujours par contre les attouchements sexuels sur la première jeune fille.

Didier Specq

12:08 Publié dans Justice | Lien permanent | Commentaires (1)

Commentaires

avec ces histoires là, remontent de la memoire les disparues de l'Yonne.

Écrit par : Odeladeule | 06/12/2013

Les commentaires sont fermés.