Péripéties judiciaires

Blandine Lejeune, avocate à Lille et auteure de romans policiers, vient de publier un nouveau roman qui tourne autour du tango: un brillant psychanalyste lillois, par ailleurs adepte de cette danse argentine, est retrouvé assassiné dans son cabinet. Le tango, les souvenirs enfouis, les rivalités amoureuses, les ruelles de la vieille ville et, au milieu de tout ça, le commandant Boulard, de la police judiciaire, aussi bougon que dans ses aventures précédentes.

La vie de patachon du psychanalyste n'est-elle qu'une forme de suicide à petit feu? C'est au fond autour de cette thèse que tourne l'intrigue d'un roman mené à tombeau ouvert. Les souvenirs macabres encombrent effectivement ce livre noir où s'empilent les blessures jamais totalement refermées et les deuils impossibles.

"Elle était habile, très habile même, pour ne pas répondre aux questions et tenter de les noyer" écrit la romancière pour décrire l'attitude d'une des protagonistes. Des questions éludées pas par désir de cacher la vérité. Mais plutôt pour ne pas être prise et engluée dans des interrogations trop orientées et des terrains trop balisés.

C'est sans doute une des qualités principales de ce roman à la fois sombre et enjoué comme le tango: au delà de l'action propre à un roman policier, on court sans repos autour d'éléments ténus qui permettraient, peut-être, d'interpeller la vérité. Chaque mécanisme cache un nouveau ressort inconnu et surprenant. Comme si le simple exposé des faits allait se dérober sans cesse. L'auteure excelle à créer cette atmosphère où la nuit n'arrive jamais à laisser tout à fait la place à une nouvelle journée.

Didier Specq

"Dernier tango à Lille", par Blandine Lejeune, chez Ravet-Anceau (10,5 euros).