06/01/2014

Dieudonné ou comment s'en débarrasser

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La belle unanimité contre Dieudonné recèle bien des pièges.

On espérait qu’avec l’année finissante la soudaine célébrité médiatique de Dieudonné prendrait fin. Car voilà un homme dont, officiellement, plus personne ne parlait et que plus personne, officiellement, ne pouvait inviter. Patrick Cohen, chroniqueur sur les chaînes de télé publiques, avait même tancé, en direct et vigoureusement, Frédéric Taddéi, animateur de « Ce soir ou jamais » sur France 2, pour avoir osé inviter dans le passé ce même Dieudonné.

Bref, on espérait vaguement que ces envolées médiatiques et ces dénonciations de Manuel Valls étaient surtout destinées à remplir ce qu’on appelait jadis la trêve des confiseurs.

Eh bien non, que nenni, on commence l’année 2014 avec Dieudonné ! Manuel Valls en remet même une couche sur Dieudonné. Le ministre d’intérieur parlait de faire interdire les spectacles de Dieudonné. Des juristes avaient tenu des propos dubitatifs : comment, dans un pays où règne la liberté d’expression, empêcher un homme de parler avant qu’il ait ouvert la bouche ? Après tout, s’il tient des propos racistes par exemple, Dieudonné, si tout cela est constaté, est condamné, non ? D’ailleurs, de telles condamnations sont déjà tombées à plusieurs reprises.

Même un ancien ministre socialiste de l’intérieur, Pierre Joxe, ironisait sur Valls : « Quand j’étais ministre de l’intérieur, j’avais sans doute de meilleurs conseillers ». Mais l’actuel ministre d’intérieur le répète dans le Journal du Dimanche : « L’interdiction est pour moi une manière de pousser le débat. On n’est plus dans le spectacle, on est dans le meeting. J’enverrai une circulaire aux préfets en début de semaine, on veut être efficace dans les premiers spectacles ». Juridiquement, on ne sait donc toujours pas comment Manuel Valls pourrait interdire un spectacle a priori. Et on fera remarquer au passage que la liberté d’expression est autant valable pour les spectacles comiques que pour les « meetings ».

Bien sûr, il arrive qu’on interdise des réunions en raison des « troubles à l’ordre public ». Mais, si l’affaire vient devant les tribunaux en procédure d’urgence, il serait pour le moins étonnant qu’un juge indépendant interdise un spectacle de Dieudonné sous prétexte que des opposants, en manifestant par exemple, se proposent d’organiser des troubles pour « casser » le spectacle d’un homme même condamné à plusieurs reprises pour des propos antisémites.

Reste le paiement des amendes. On s’étonne au passage que des gens condamnés et ayant pignon sur rue puissent ne pas payer leurs amendes… On espère que ça n’arrive jamais pour les hommes politiques condamnés. Devant les tribunaux l’avocat de Dieudonné plaidera sans doute ce paradoxe: on cherche à la fois à interdire l’activité économique de son client et à lui faire payer ses amendes.

Le problème avec Dieudonné, c’est qu’on ne s’en débarrassera pas si facilement. D’abord parce que, à part dans son théâtre parisien, l’essentiel des propos de Dieudonné sont (et seront) connus du grand public par le biais d’internet. Et la publicité des spectacles, des propos, des interviews, etc, est assurée entre autres par les dénonciations du ministre de l’intérieur… Sinon tout cela serait resté assez confidentiel.

Ensuite les démonstrations de Dieudonné –outre leur aspect éventuellement comiques- ne sont pas si faciles que ça à démonter. Certes le côté délirant est évident quand Dieudonné estime que la contamination des Noirs par le virus du Sida vient des Juifs. Mais, souvent, c’est beaucoup moins délirant et beaucoup plus argumenté. En gros, la démonstration presque unique de Dieudonné tient en quelques mots : en s’abritant derrière l’extermination des Juifs durant le seconde guerre mondiale, la communauté juive d’aujourd’hui et Israël s’assurent une sorte de rente de situation qui les met en dehors de toute critique. Et de tirer à boulets rouges contre la Licra, Bernard-Henri Levy, le conseil représentatif des institutions juives, les ministres et les journalistes mettant en avant leurs rapports avec la communauté juive, etc.

On aimerait être sûr que les dénonciations initiées par Manuel Valls ne vont pas être contre-productives. On aimerait être certain que, devant des dizaines de milliers de jeunes fans qui de toutes façons auront accès à ses propos par internet, Dieudonné ne va pas apparaître comme un martyr de la « liberté d’expression ».

Déjà le scénario bien connu se met en place. Demandes d’interdictions a priori à la légalité douteuse. Tentatives étatiques avouées de frapper Dieudonné à la caisse par l’intermédiaire d’interdiction de ses spectacles, du paiement des amendes, de menaces de fermeture de son théâtre à Paris. Interventions de la brochette habituelle de personnalités indignées. Et même, comme au temps des manifestations contre Le Pen à la fin du siècle dernier, des rassemblements «anti-racistes» qui assureront dans toutes les villes la publicité gratuite des spectacles de Dieudonné.

Didier Specq

Commentaires

dernière minute
Un nouvel appareil de mesure est né : le quenellomètre.
nb Sèvre (poids et mesures) se prépare à recueillir la quenelle étalon.
Le gouvernement via Valls prend les mesures qui s'imposent.

Écrit par : zelectron | 06/01/2014

Hééé mais ça m’intéresse moi ça !!! Je peux avoir d’autres infos s’il-vous-plait ? Merci beaucoup

Écrit par : afps et asaf | 07/01/2014

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