18/01/2014

Douai: les ciseaux de la censure s'écartent...

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Psychanalyse, autisme, censure et volte-face appréciable de la Cour d'Appel de Douai.

Les atteintes supposées à la liberté d’expression ne se limitent certes pas à l’affaire Dieudonné. Au tout début de l’année 2012, nous nous étonnions, sur ce même blog, du jugement survenu à Lille à l’encontre du film « le mur ». De quoi s’agit-il ? D’un documentaire, dirigée par la cinéaste Sophie Robert, clairement hostile aux éminences de la psychanalyse qui, en France, semblent dominer le traitement clinique de l’autisme.

Nous ne nous prononcerons pas sur ce problème douloureux. Nous n’en avons ni les compétences, ni l’expérience. Le documentaire de Sophie Robert se présente clairement comme hostile à la psychanalyse. Et, dans le corps de l’œuvre, les auteurs de ce document ont jugé bon d’interviewer des psychanalystes et de les montrer. De larges citations sont filmées et il est vrai que, pour un public peut-être non averti, certaines citations peuvent apparaître comme particulièrement ridicules. Mais, qu’on le veuille ou non, elles sont exactes puisque filmées.

Un certain nombre des psychanalystes interviewés s’offusquent alors qu’on puisse employer leurs propres propos ! « Caricatures, citations tronquées, hors contexte » clament-ils en déposant une requête visant à retirer leurs prestations filmées du documentaire. Au visionnage du film, on constate effectivement que les protestataires apparaissent assez ridicules ou ridiculisés. Mais n’est-ce pas une pure atteinte à la liberté d’expression des auteurs du Mur qui, après tout, ont fait l’effort de rencontrer ceux qu’ils critiquent ? N’est-ce pas aussi un atteinte à la liberté d’expression qui, si elle se généralisait, pourrait atteindre tous les documentaires et tout le travail journalistique. Car, bien sûr, un journaliste passe son temps à choisir les citations qui vont illustrer son article. Et, bien sûr, n'importe qui, même face à des propos réellement tenus, pourrait prétendre que toute sa pensée n'a pas été rapportée!

A l’époque, les attendus du jugement lillois, qui donnaient raison aux psychanalystes contestant le film, nous avaient semblé assez « gratinés ».

Ce vendredi, deux années plus tard, la Cour d’Appel de Douai a dit exactement l’inverse du jugement lillois. « C’est une victoire incontestable de la liberté d'expression » s’est exclamé à juste titre Me Stéphan Squillaci, avocat de la documentariste. Le film est autorisé sans aucune coupure, sans aucune censure. Une décision de la Cour d’Appel qui, bien sûr, ne peut que nous remplir d’aise.

Didier Specq

Commentaires

Toute la difficulté d'un savant dosage entre une liberté d'expression que l'on veut pleine et entière et la protection également de l'image d'une profession ou d'un groupe...

Écrit par : Ambroisine | 18/01/2014

A sa naissance, la psychanalyse a rencontré l'hostilité, on a même remis en question son statut de science humaine, la voici maintenant raidie, et confortable dans son idéologie ne supportant aucune critique. C'est un peu fort.

Écrit par : loran | 18/01/2014

[...] "exactes puisque filmées." Ah bon, vous êtes certain ?

Écrit par : Almarenan | 18/01/2014

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