06/02/2014

Un livre à propos du 8 CEDH

berthe.jpegAntoine Berthe se trouve être un avocat lillois spécialisé, entre autres, dans le droit des étrangers. Alors...


Alors, il n'a pas pu s'empêcher de narrer les aventures des étrangers. C'est même la deuxième déclinaison des périgrinations picaresques de son héros, Jésus Empanadas. Premier tome: il s'agissait des aventures de ce même Jésus Empadamas qui, sur la base de l'article 23-5 du code civil, avait perdu la nationalité française après un mariage bidonné avec une mystérieuse révolutionnaire latino-américaine. L'ex-Lillois, projeté dans le vaste monde, découvrait la dure vie de l'éternel émigré.

8 CEDH, titre du second ouvrage récemment paru, c'est l'article 8 de la convention européenne des droits de l'homme. Un des héros d'Antoine Berthe résume ainsi: c'est "la norme qui constitue la pierre angulaire du droit des étrangers et qui consacre le droit de toute personne au respect de sa vie privée et familiale ce qui englobe le droit à l'intimité, le droit d'entretenir des relations sociales et celui de vivre avec ses proches, le tout sans que l'Etat ou tes contemporains viennent de chier dans les bottes". Bien sûr, c'est un peu l'idéal rêvé par un avocat car, dans la réalité, ce droit de mener une vie familiale et sociale normale est loin d'être automatiquement reconnu.

Les allers et retours burlesques de Jésus Empadamas, aussi invraisemblables qu'ils puissent paraître de prime abord, sont finalement très réalistes. On peut sourire par exemple de ces trois petits enfants "roms" qui se prénomment Al Pacino, Al Pacina et Al Capone. Mais c'est assez exact. A Lille, on a même pu voir, une fois, le petit Coca, le petit Pepsi et la petite Fanta. Ce qui n'empêche pas, au contraire, le regard bienveillant et amusé d'Antoine Berthe sur ces éternels persécutés qui, dans des voitures improbables, traversent les frontières de la vieille Europe.

Les punks, la police cubaine, le Mossad, les vieux guérilleros et les nouveaux hippies, les avocats bizarres, les Roms, les petites frappes et les gros flics privés: tout un petit monde s'agite pour le plus grand bonheur du lecteur. E tout se termine, alors que le tome suivant est déjà annoncé, entre le commissariat de police de Lille et le Palais de Justice.

Didier Specq

Le livre: 8 CEDH, 19 euros. www.kykloseditions.com.

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