07/04/2014
"L'hébergement d'urgence est un droit fondamental"
Les Roms après l'occupation de la bourse du travail de Lille...
Hier lundi, sur le coup de 14 heures, au tribunal administratif se rejouait, avec des acteurs et des enjeux différents, la pièce de théâtre habituelle: d'un côté, la logique administrative; de l'autre côté les familles roms que l'on veut expulser. Une pièce de théâtre car, même au tribunal administratif, les plaidoiries, les réponses de la préfecture, les "pour" et les "contre" que le juge soupèse répondent bien à une mise en scène.
Hier, c'était "un référé libertés": en un mot comme en cent, les familles roms, leurs soutiens et Me Eve Thieffry attaquent le préfet du Nord car il se refuse à mettre en oeuvre des mesures d'hébergement d'urgence en faveur de trois familles roms.
Rappel historique. C'est le 24 octobre 2013 qu'une centaine de familles roms sont évacuées manu militari d'un terrain universitaire de Villeneuve d'Ascq, commune de la banlieue de Lille. Il n'y a pas de solutions de relogement et une tempête est annoncée pour le soir même par météo France. Bref, au lieu d'errer dans les rues, les familles se retrouvent à la bourse du travail. Inutile de dire que les conditions d'entassement des "hébergés" sont très, très difficiles dans les locaux syndicaux.
A l'audience, Me Eve Thieffry rappelle le cheminement de ces familles et les errements juridiques. Déjà, le 24 décembre dernier, le juge administratif censure le préfet.
Toujours est-il que, au fil du temps, la plupart des familles ont été reclassées dans des hébergements d'urgence en divers points du Nord et du Pas-de-Calais. D'autres Roms sont revenus en Roumanie, d'autres encore ont des hébergements privés ou se sont installés ailleurs en France au gré des contacts familiaux. Bref, le préfet du Nord n'arrive pas à reclasser trois familles: un couple dont la femme est enceinte jusqu'aux yeux; un autre couple avec enfants et, pour finir, une dame de 59 ans qui, suite à des sévices, rencontre de lourds problèmes psychiatriques. Me Eve Thieffry s'insurge: "Sous prétexte que la trêve hivernale est terminée, le préfet ne peut échapper à son obligation d'héberger les familles qui sont dans une situation d'urgence".
La représentante de la préfecture manque d'élégance jusqu'au bout: "Lorsque nous avons rencontré cette jeune femme, elle était enceinte de six mois et je signale qu'elle a, depuis, accouché". Pas de chance: la citoyenne roumaine en question est dans la salle et elle est enceinte de neuf mois... "Elle doit accoucher dans la rue? Ce n'est pas une situation d'urgence?" interroge l'avocate des Roms. Le juge administratif a annoncé qu'il allait prendre sa décision le plus rapidement possible.
Didier Specq
18:50 Publié dans étrangers, Justice | Lien permanent | Commentaires (0)
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