09/08/2014

Dissoudre ou pas?

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Lorsqu'on dissout, deux problèmes, qui n'ont rien de juridique, se posent.

Passons rapidement sur le dossier lui-même qui peut permettre la dissolution d'une ligue factieuse ou armée. Disons simplement qu'il a intérêt à être épais puisque les intéressés feront appel. D'éminents juges examineront donc le sérieux du dossier concocté par le Ministère de l'Intérieur.

En réalité, deux problèmes essentiels sont posés. D'abord, il faut apparaître objectif. Quand le projet de dissoudre la Ligue de Défense Juive a été connu, le ministère a vite tenu à faire savoir que, dans le camp d'en face, le collectif Cheikh Yassine était lui-aussi dans le collimateur de la place Beauvau. Ce collectif est né en 2004 après le raid de l'armée israélienne ayant abouti à la mort de cet inspirateur, aveugle et dans sa chaise roulante, du Hamas. Pour faire bon poids, on annonce aussi que la "Gaza Firm", groupe informel de jeunes supporters parisiens de foot passés dans l'opposition virulente à Israël, pourrait être dissoute.

Certes, les demandes apparentes du Ministère de l'Intérieur peuvent sembler équilibrées. Il reste à savoir toutefois si les peines prévues pour réprimer les tentatives de reconstitution de ligue dissoute sont suffisamment dissuasives et surtout efficaces. Car c'est bien là, du point de vue des policiers, le problème: en éparpillant après une dissolution les "extrémistes", le travail des enquêteurs n'est-il pas plus compliqué que lorsque tous se retrouvent dans des organisations bien ciblées et surveillées? L'avenir dira quelle solution a été choisie et quelles conséquences surviendront.

Didier Specq

09:01 Publié dans Justice | Lien permanent | Commentaires (0)

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