12/12/2014

Avocats noyés dans la masse...

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Mercredi dernier, les "professions libérales" liées à justice étaient dans la rue. Ensemble. Est-ce l'intérêt des avocats?

Mercredi défilaient dans la rue des professions libérales liées au fonctionnement de la justice et du droit. Les notaires, les huissiers, les greffiers des tribunaux de commerce, etc. Et les avocats. Pourtant, cette dernière profession n'a que peu à voir avec les professions citées plus haut. D'abord, du point de vue des citoyens, les avocats sont des professionnels vitaux du point de vue des libertés.

En cas de malheur, c'est bien l'avocat qui intervient et qui, souvent, est le seul à prendre en charge les intérêts du citoyen dans la difficulté. Un homme est suspect, arrêté par la police, en garde à vue, mis en examen, jeté en prison provisoire, accusé, jugé. Tous sont contre lui: la police, la société, le procureur, les victimes, la morale... Seul l'avocat va "dire du bien" de l'accusé.

Même chose du point de victimes. Il ne faut pas oublier que, souvent, les victimes sont mal traitées par la société: on ne les croit pas, on les suspecte, elles sont traumatisées, elles n'ont pas la force de se défendre, elles se sentent salies par les malheurs qui les accablent. Qui va les défendre sans discuter? Un avocat, une avocate.

En cas de difficultés familiales, on peut tenir le même raisonnement. Bien sûr, les divorces peuvent très bien se passer. Il n'empêche que, souvent, ce sont bien les avocats qui sont les premiers témoins de leurs clients qui s'effondrent tant les blessures intimes sont parfois fortes. On peut ajouter les bavures médicales, les conflits lors de la construction d'une maison, les accidents qui ont parfois des conséquences dramatiques et où la profession d'avocat est bien souvent très utile, voire vitale.

Noyer les avocats dans les intérêts corporatistes des autres peut apparaître alors contestable. D'autant que ces autres professions ne sont guère au sens propre des professions libérales: ce sont des professions réglementées dont l'organisation remonte souvent au temps des rois. On achète une charge, on obtient un monopole sur une démarche indispensable, on perçoit des honoraires incontestables, on en reverse une grande partie à l'Etat en jouant les collecteurs d'impôts. Rien à voir avec les avocats.

D'ailleurs les avocats, si importants pour les libertés concrètes des citoyens, ne sont pas riches. Et c'est là leur drame. Car, plus ça va, et plus la défense et l'assistance des personnes désargentées coûtent très cher aux avocats qui ne peuvent plus guère se rattraper sur leurs clients "riches", de plus en plus rares.

Un sondage commandé par le ministère des finances montre que les Français estiment que les avocats gagnent en moyenne 4.600 euros par mois alors que, dans la réalité, la moyenne des avocats plafonne à 3.200 euros mensuels. Les Français pensent que les notaires gagnent 5000 euros par mois alors qu'ils reçoivent en moyenne 13.000 euros mensuels. Les administrateurs judiciaires? On les pense à 4.000 euros par mois, alors qu'ils en sont à 25.000 euros mensuels! Bref, de toute la liste, seuls les avocats gagnent moins qu'on ne le pense et leur profession est de moins en moins rentable. Il est donc urgent de prendre en compte les problèmes économiques des avocats, il en va de nos libertés concrètes.

Didier Specq

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