10/02/2015
DSK: les subtilités de l'article 225 du code pénal
Les Français, qui s'estiment très avancés en matière de moeurs, bénéficient en réalité d'une législation sur le proxénétisme très dure comparée à celles de leurs voisins européens. DSK tente de s'en sortir du mieux qu'il peut.
L'article 225 du code pénal et ses différents alinéas interdit en fait presque toute vie sociale à une prostituée. Puisque tout bénéfice de la prostitution est sévèrement réprimé, une prostituée ne peut avoir d'amis car, à un moment ou un autre, elle va leur offrir une cartouche de cigarettes ou un repas au restaurant. Pas d'appartement ou de local où elle pourrait exercer discrètement son métier au chaud: le bailleur, s'il apprend qu'il abrite une prostituée, peut à tout moment être accusé de proxénétisme. Le prêteur d'une voiture en cas de panne du véhicule de la péripatéticienne, un voyage en taxi réglé au prix normal de la course au chauffeur, un cafetier qui abrite une prostituée de la pluie alors qu'elle passe un coup de téléphone à un client, un hôtelier qui loue une chambre voire l'épouse de l'hôtelier qui passe l'aspirateur, tous et toutes, même pour un acte unique, peuvent être accusés de proxénétisme. Encore faut-il signaler qu'il ne s'agit pas de circonstances issues de l'imagination de l'auteur de l'article mais bien de cas cités dans des jurisprudences récentes.
Pour David Roquet, PDG d'un filiale d'Eiffage, et pour Fabrice Paszkowski, responsable d'une société de matériel médical, les choses sont claires: ils ont organisé la venue de quelques prostituées quand ils manquaient de femmes libertines pour animer les séances "récréatives" organisées lors de séjours en France de Dominique Strauss-Kahn. Indéniablement, ces deux proches de DSK ont "incité ou aidé", comme dit le code pénal, la prostitution d'autrui.
Pour le Jean-Christophe Lagarde, le chef de la sûreté départementale du Nord dont le cas a été balancé à la presse avant même sa garde à vue, c'est moins clair. Etait-il au courant de la présence de prostituées? Il assure que non. Le procureur Frédéric Fèvre a l'air d'estimer ironiquement que, au premier coup d'oeil, "quelque chose", pour un policier chevronné, distingue illico presto une prostituée d'une femme aux moeurs légères. Nous reviendrons sur cette mise en cause.
Mais, hier, indéniablement, c'était Dominique Strauss-Kahn qui, dès 9 heures, était la vedette de la journée. D'ailleurs, dès potron-minet, trois "femen" entièrement dénudées assuraient le spectacle malgré le froid et protestaient devant le tribunal de Lille en hurlant "it's time for you to be fuck!"
Effectivement, toujours grâce à une interprétation très stricte de l'article 225 du code pénal imaginée par la juge d'instruction Stéphanie Ausbart, DSK risque de se "faire avoir" car, s'il connaît la présence de prostituées, on pourrait lui reprocher d'avoir co-organisé les "parties fines". Autrement dit d'avoir "incité" à la prostitution d'autrui.
Trois séances de sexe collectif étaient examinées hier. La première où M. affirme que, au cours d'un rapport sexuel avec DSK dans un hôtel de luxe à Paris, elle a été "un peu forcée". Sans jamais dire explicitement qu'il s'agissait d'une sodomie, elle dit n'avoir pas voulu d'un rapport "contre-nature". Elle affirme avoir pleuré. DSK assure n'avoir rien constaté de tel. Et, comme personne n'est témoin ou n'a perçu ensuite les réticences de M., le témoignage de la jeune femme tombe un peu à l'eau. "C'était festif" reprend DSK. M. insiste sur les "répercutions postérieures" de ce rapport contre-nature et affirme qu'elle ne s'y prêtait jamais. L'émotion perceptible de la prostituée ne devrait cependant pas permettre de convaincre les juges de la connaissance par DSK de la présence d'une péripatéticienne.
Une seconde séance voit l'arrivée à Paris, dans un autre hôtel de luxe, de la pétulante Béatrice Legrain, la compagne de Dodo la Saumure, et d'une jeune prostituée dont personne ne se rappelle le nom ou le prénom. "J'ai vu passer des dizaines de jeunes filles dans mon établissement" soupire la blonde Béa. Les deux femmes avaient été recrutées par Roquet. Béa, gagnée par l'ambiance festive, était plus ou moins ivre, au point de donner une partie de son argent à la jeune femme qui avait déjà été payée discrètement. Quant à DSK, après le rapport sexuel avec la jeune prostituée, il ne s'aperçoit de rien: "J'étais très connu, il m'est arrivé souvent qu'une jeune femme s'offre à moi, surtout si elle était libertine". Là aussi, DSK s'en sort bien et les interventions systématiquement moralisantes des avocats des parties civiles ne font guère avancer la thèse d'une culpabilité de l'ex-directeur du FMI.
La troisième séance détaillée, là encore dans un hôtel parisien, est plus "hard". En tous cas, J., une autre prostituée partie civile, dépeint une ambiance plutôt glauque: "Ce n'était pas du libertinage, tout le monde, très excité, attendait DSK, il y avait quelque chose qui me révolte, les corps se mélangeaient sans préservatif, c'est quelque chose que je ne peux pas faire". Et d'ajouter: "Il n'y avait pas d'autre monsieur étalé sur le lit, il n'y avait qu'un monsieur". DSK explique qu'il "n'a pas du tout ressenti les choses comme ça, qu'il y avait 6 hommes et 6 femmes, que les gens mettaient des préservatifs". Mais J. insiste: "Je n'étais qu'une chose".
Demain, le président Lemaire, toujours doté de son noeud papillon et de son calme olympien, continuera à examiner les autres scènes de sexe collectif.
DSK est impliqué dans onze séances au total. L'ex-directeur du FMI souligne un point important: "A lire l'ordonnance de renvoi, on a l'impression d'une activité sexuelle frénétique. En réalité, sur les trois ans de la prévention, ça fait à peine une partie sexuelle récréative par trimestre"...
Didier Specq
22:44 Publié dans Affaire Carlton, Justice, prostitution | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Argent sale recyclé : sexe, drogue, vente d'arme....forcément pour le responsable du FMI il faut connaître les sujets...sur le bout des doigts !
Ancien petit conseiller en gestion de patrimoine à réfléchir comment defiscaliser les gros bonnets....je pourrai témoigner mais tout le monde dirait comme aux guignols de canal + : c' est qui Francis ?
Écrit par : vanlierde | 11/02/2015
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